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Journée des écoutants et
de la téléphonie sociale et en santé

Le mois de mars, Alma Paris a participé à la cinquième édition de
la Journée des écoutants et de la téléphonie sociale et en santé (TeSS),
organisée par le collectif homonyme TeSS et qui a compté
avec la participation d’écoutants venus de diverses structures. Ce collectif
a été créé en 2012 pour développer l’expertise dans ce domaine et faire sa promotion.

Lors de cette rencontre, plusieurs thématiques ont été abordées, comme le facteur interculturel et la complémentarité entre savoir expérientiel
et professionnel dans l’exercice de ce métier.

La prise en compte de la dimension culturelle dans la relation d’aide

Lorsqu’on est dans une relation d’aide, les aspects culturels inconnus chez l’autre par les différentes personnes impliquées se révèlent souvent comme une source de difficultés. Pour aborder cette thématique, il est important, d’abord, de se poser la question : qu’est-ce qu’est la culture ?. Au sens large du terme, elle est définie par l’UNESCO comme « l’ensemble des traits distinctifs, spirituels, matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social ». La culture englobe « les arts, les lettres et les sciences, les modes de vie, les lois, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances ».

Dans le contexte de la téléphonie sociale et en santé, il est bénéfique de travailler sur la compétence interculturelle, c’est-à-dire, d’avoir une approche d’analyse et compréhension d’une personne dans sa culture. Ce travail nécessite également que chacun se connaisse au mieux dans sa propre culture.

Des gestes simples de la vie quotidienne ou la façon dont chacun communique peuvent devenir des vrais sujets conflictuels si une connaissance, ne serait-ce que superficielle de leur raison d’être, n’existe pas. Dafna Mouchenik, assistante sociale et directrice d’un centre d’aide à domicile, décrit, par exemple, un ancien cas d’une aidante travaillant chez une personne âgée de confession juive. Celle-ci séparait les outils de cuisine selon le type d’aliment, ce qui était source de problèmes car cette organisation compliquait le travail de l’employée.

Puisque cette situation s’était répétée à plusieurs reprises, le centre invita les aidants à une visite afin qu’ils connaissent de plus près le mode de vie juif. Cette expérience contribua énormément à améliorer les relations entre ces aidants et les personnes aidées pratiquant cette religion.

Selon Vincent Lapierre, psychologue et directeur du Centre de prévention du suicide de Paris, « quand on force quelqu’un à penser de façon complexe sur des questions qui, pour lui, sont simples, on lui fait subir une forme de violence parce que cela lui fait mettre en question les bases de sa culture ». Une bonne entente nécessite alors une réflexion permanente et réciproque, où l’on se dit : « Je comprends ça comme ça, mais est-ce que j’ai raison de le faire ? ».

Il faut, donc, travailler sur la notion d’inculturation, c’est-à-dire, la création de quelque chose, par l’échange, entre les groupes de différentes cultures. Ceci va permettre de créer des ponts qui nous rassemblent à partir de nos différences, de se connaître et, ainsi, de se reconnaître.

Ce principe s’applique aussi dans lors qu’on accompagne une personne qui souffre, souffrance qu’on ne comprend pas toujours. C’est pour cela qu’il est primordial de garder une attitude humble et de se dire : « Je ne comprends pas, a priori, la souffrance de l’autre ». Comme le dit une bénévole d’Alma Paris, « il faut connaître chaque personne » dans sa particularité puisque, si nous pouvons partager des traits communs, chacun a également sa propre personnalité, sa propre sensibilité et sa propre volonté. Nous devons rester vigilants à ne pas appliquer systématiquement des formules qui peuvent ne pas être la bonne solution pour tous.

Lorsqu’on parle des personnes âgées, on peut mieux comprendre la dimension culturelle, à partir d’une affirmation de Vincent Lapierre, qui illustre le décalage existant entre les différentes générations d’une même culture et qui fait que ces aînés, surtout s’ils sont isolés, éprouvent beaucoup de difficultés à se reconnaître dans une société dont les codes ont pu énormément changer depuis leur jeunesse : « Les grands vieillards sont des immigrés dans le temps ».

 

Savoir expérientiel et savoir professionnel, leur place dans l’écoute

 
« Écouter, c’est prêter une oreille attentive à l’appelant, à son récit, à sa voix, proposer un cadre dans lequel il puisse élaborer sa demande. Cela suppose chez l’écoutant de naviguer entre l’observation et l’interprétation. Dans ce processus, le savoir expérientiel, et plus largement les connaissances et les références personnelles, jouent un rôle important et ambivalent. Comment s’appuyer sur son ressenti sans projeter ses propres représentations sur l’autre ? Comment faire appel à son expérience sans calquer une solution antérieure sur une situation nouvelle ? Comment faire de son propre vécu un exemple sans pour autant en faire un modèle à suivre ? »
(Extrait du programme de la Journée des écoutants TeSS)
.
 

Le savoir expérientiel peut être entendu sous deux prismes. D’une part, il s’agit du savoir que l’on acquière en exerçant son métier sur le terrain (l’écoute dans le cadre de la téléphonie sociale et en santé), et d’une autre part, c’est tout simplement la connaissance et les aptitudes qu’une personne acquière grâce à son parcours de vie.

Si le savoir expérientiel est une ressource précieuse, qui vient compléter la savoir académique dans la pratique professionnelle, il rencontre certaines limites, notamment lorsqu’il perturbe l’équilibre entre l’empathie envers l’appelant et la bonne distance qui permet d’apporter un regard extérieur et non influencé par son propre vécu sur une situation différente, qui ne suit pas nécessairement les mêmes dynamiques.

Quel est le bon compromis entre l’apport d’information et le conseil ? Comment orienter une personne sans interférer sur son libre choix, sans lui enlever sa part de responsabilité sur sa propre vie, sans lui imposer, d’une certaine manière, nos propres méthodes, pas forcément les plus adaptées pour elle ?

C’est à ce niveau que le savoir expérientiel nécessite d’être interrogé régulièrement pour éviter la perte d’impartialité vis-à-vis de la situation traitée. À quels signes est-on attentif chez soi et chez l’autre ? En ce sens, intellectualiser la situation pour décortiquer ses éléments d’un point de vue rationnel est une technique qui peut permettre de prendre du recul et de garder la bonne distance nécessaire pour aider la personne de la façon la plus pertinente possible.


[Collectif TeSS : AFM-Téléthon, Apprentis d’Auteuil, Avec nos proches, Droit d’enfance, Centre national d’informations sur la surdité, Enfance et partage, E-enfance, Fédération 3977, Fédération nationale des écoles des parents et des éducateurs, FNSF 3919, France victimes, France assos santé, Petits frères des pauvres, Ligue nationale contre le cancer, Maladies rares info services, Fondation OCH, Phare enfants-parents, SNATED 119, Suicide écoute, UNAFAM, Conseil départemental du Gers, France acouphènes, Pôle MND.]

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